Tours, 34 rue de la Scellerie
Les Cordeliers sont un ordre religieux mendiant qui observe la règle de Saint-François d’Assise. Ils prirent progressivement le nom de Cordeliers en raison de la cordelle qui pendait à leur habit. Leur fondation à Tours est due à Payen Hemenard, un bourgeois de Tours, qui fit édifier, en 1224, un oratoire et des habitations à destination des religieux de l’ordre. Dans les années 1250, le couvent subit les assauts des Pastoureaux qui saccagent et pillent les lieux. Après cet épisode, une Nef et un Collatéral sont ajoutés à l’église. S’entame également la construction d’un cloître au nord du nouveau sanctuaire. Un second cloître prit place par la suite au nord du premier. L’enclos du couvent s’étendait sur une superficie limitée au nord par le grenier à sel et à l’ouest par les propriétés de Jean Hardouin [Mabire La Caille, 1981, p. 33].
Les dissensions au sein de l’ordre
Au XVe siècle, l’ordre des Franciscains connaît des tensions internes entre les partisans minoritaires d’un retour strict à la règle – les Observants – et ceux, majoritaires, qui prônent une relecture de la règle pour l’adapter à l’évolution sociétale – les Conventuels. La situation pousse le pape Sixte IV à intervenir. En 1483, il prend le parti des Observants et les installe à la place des Conventuels dans le couvent de Tours. L’année suivante, un procès oppose les deux courants franciscains. Avec le soutien de la municipalité, les Conventuels sont restaurés dans leur couvent. Chassés, les frères de l’Observance s’installent dans la maison du Sagittaire, rue de la Scellerie, et tentent sans beaucoup de succès d’y implanter leur nouveau couvent avec le soutien du roi Charles VII [Le Hir, p. 244].
Un ordre prisé des grandes familles
Le couvent comprenait de nombreuses sépultures de personnages issus de familles illustres. Selon le registre H 65l, « […] Les principaux bienfaiteurs ont estés les familles de Vendosmes, de Maillé, d’Amboise et de l’Isle-Bouchard comme leurs tombeaux forts anciens le marquent […] » (fo 92 vo). Le couvent accueillait notamment la sépulture de Jeanne de Maillé, religieuse appartenant à l’ordre séculier du Tiers-Ordre qui observait lui aussi la règle de Saint-François, inhumée en 1414 [Mabire La Caille, 1981, p. 34].
Difficultés et disparition
Les guerres de Religion n’épargnent pas le couvent qui subit de nombreux dégâts. Les protestants réussirent à investir les lieux le 30 juin 1561 pour se livrer au pillage. Lorsque la ville décrète l’état de siège en 1567 dans le contexte de la deuxième guerre de Religion et face à l’avancée de l’armée des réformés, le couvent est réquisitionné [Mabire La Caille, 1981, p. 34].
À la fin du XVIIe siècle, les cordeliers connaissent leurs premières difficultés financières qui s’accentuent le siècle suivant. En mars 1727, pour subvenir à leurs besoins, les religieux se voient contraints de louer deux salles dans le premier cloître au Collège de Chirurgie de Tours [Mabire La Caille, 1981, p. 34]. En 1791, suite à la Révolution, ce qu’il reste du couvent est vendu comme bien national. L’église devient alors une salle de spectacle puis le Théâtre de la République. L’édifice est détruit en 1869 pour laisser la place au théâtre actuel [Mabire La Caille, 1981, p. 35]. Des vestiges de l’église sont encore visibles. Ils sont intégrés à la façade latérale du théâtre qui donne sur la rue Voltaire.
Bibliographie
Le Hir Marie, Charles de Sainte-Marthe : la défense de la langue française avant Du Bellay, Thèse de doctorat en préparation sous la direction de Stéphan Geonget, Université de Tours.
Mabire La Caille Claire, « Évolution des enclos conventuels des mendiants à Tours (XIIIe-XVIIIe siècles) », dans Recueil d’études, Tours, Laboratoire d’archéologie urbaine, 1981, p. 13-72.